

Matin midi et soir, ou matin et soir, c’est ce qui semble le plus naturel à beaucoup d’entre nous pour nourrir notre animal, notamment parce que cela correspond à nos propres horaires de repas. Effectivement, ce rythme d’alimentation convient au chien. Mais au fait, est-t-il vraiment adapté au chat ?
Alimentation du chat : hérité du chasseur solitaire
De la même manière, le rythme alimentaire du chat est resté proche de son ancêtre sauvage.
C’était un animal territorial, solitaire, chassant de petites proies, le plus souvent beaucoup plus petites que lui (un petit rongeur pèse de l’ordre de 20 g). Le chat devait en trouver un grand nombre pour subvenir à ses besoins (environ 10 par 24h pour couvrir ses besoins énergétiques).
Comme tous ses cousins félins, le chat aime s’alimenter dans le calme, à l’écart, en sécurité.
Le saviez-vous
Comme tous les prédateurs, le chat choisit de préférence l’aube et le crépuscule pour chasser, horaires où ses proies sont plus vulnérables.
C’est la raison pour laquelle la plupart d’entre eux réclament leur nourriture au lever du jour, ce qui n’est pas toujours du goût de leur entourage

Le rythme d’activité naturel du chat adulte moderne est hérité de cette histoire. A l’origine le chat sauvage alternait les périodes de chasse, d’alimentation, et de récupération.
De nos jours, le chat domestique alterne activité et jeux (si possible), repas (en nombreuses prises), et sommeil (de l’ordre de 16 heures sur 24). Le métabolisme du chat correspond à ce fractionnement des prises alimentaires, qui lui permet d’avoir un apport continu d’énergie.
Alimentation du chien : hérité du chasseur en meute
L’ancêtre du chien vivait à l’origine en horde, avec des hiérarchies fortes entre les individus de même sexe (domination ou soumission), et une vie communautaire.
Ce comportement naturel (sensibilité à l’autorité, attrait pour la vie en communauté) présente de nombreux traits favorables à sa domestication, et les hommes ont encouragé ces traits de caractère par la sélection qu’ils ont effectuée au cours des millénaires.

Il conserve dans ses gènes l’attitude du chasseur en meute, s’attaquant à de grandes proies¹ (parfois beaucoup plus grosses que lui) qui ne sont pas disponibles tous les jours. Le chien a donc souvent une prise alimentaire importante, voire un comportement glouton, qui le sera d’autant plus quand il se trouve avec des congénères : l’alimentation a pour lui une valeur sociale.
Par ailleurs, son système digestif s’est progressivement adapté au régime alimentaire de l’homme qui le nourrit : de carnivoreopportuniste le chien est devenu carnivore omnivore.
Le chien s’alimente le jour et prend 1 à 2 repas par 24h² son rythme s’est calé sur celui de l’homme.

Le système digestif du chat est adapté aux petites proies
Le chat carnivore : digestions courtes et nombreuses
Le système digestif du chat est conçu pour des digestions courtes et nombreuses, ce qui se joue autant sur le plan physique (intestin court, estomac de plus faible volume que celui des chiens de même taille) que sur le plan chimique (production en continu d’enzymes digestifs en relativement faible quantité)
Cette activité digestive sans à-coups (repas nombreux et peu abondants) lui permet aussi de limiter les pics glycémiques (qui peuvent conduire à l’obésité) et les pics de pH (qui peuvent conduire aux calculs urinaires)¹.
Le chat carnivore : alimentation carnée
Contrairement à d’autres animaux plus opportunistes, le chat dans la nature ne s’alimente pas de végétaux, mais seulement d’animaux.
Son système digestif est conçu pour l’ingestion et l’assimilation de la viande. Ses enzymes digestifs (qui transforment les aliments en nutriments assimilables) lui permettent de bien digérer les protéines et les lipides animales, beaucoup moins l’amidon végétal.
Par ailleurs, pour maintenir sa masse musculaire ses besoins en protéines sont élevés³ : au moins 5,2 g de protéines par jour et par kg de poids corporel, soit au moins 21 g de protéines pures pour un chat d’intérieur de 4 kg, soit au moins 6 petits animaux par 24h (une souris adulte de 20g contient ~3,5g de protéines pures).
Le chat est resté un carnivore strict, qui s’alimente régulièrement le jour et la nuit².
Le saviez-vous
Plusieurs études menées dans la décennie 2000-2010 ont démontré que les chats sauvages, ainsi que les chats féraux (les chats domestiques retournés à l’état sauvage), s’alimentent dans la nature avec des petits mammifères de toutes sortes, plus rarement des oiseaux, voire des reptiles⁴ .
- Les proies consommées dépendent essentiellement de ce que le chat trouve selon la saison, et selon là où il se trouve.
- La constante étant les choix alimentaires (100% animal), et la taille des proies (toujours de petite taille).
- Ce qui amène le chat à faire de nombreux petits repas, dès qu’il est autonome dans son alimentation.
Chat et chien : des besoins alimentaires différents
L'industrie alimentaire a supprimé les carences des chats et des chiens
Dans l’histoire récente, le chat est devenu un véritable animal de compagnie, que ce soit dans son statut de membre de la famille, ou dans son statut d’animal nourri par l’homme. L’alimentation industrielle a pris peu à peu une importance essentielle dans l’alimentation de nos animaux domestiques (97% des propriétaires de chats leur donnent des croquettes⁵).
Historiquement, l’alimentation industrielle a été scientifiquement conçue pour les chiens, qui dépendent totalement de l’homme pour leur alimentation, qui ont des besoins caloriques importants compte tenu de leur taille, et qui pendant longtemps étaient les animaux de compagnie les plus nombreux (ils le sont toujours par exemple aux Etats-Unis).

La recherche vétérinaire moderne préconise un régime alimentaire spécifique pour les chats
Pendant longtemps, l’alimentation industrielle des chats a été déclinée à partir de celle des chiens, avec les adaptations essentielles nécessaires : en particulier la taille de la ration (les chats étant sauf exception beaucoup plus petits en taille) et le contenu en taurine (que les chats doivent trouver dans leur nourriture). La plupart des chats s’en sont très bien portés.
Ce n’est que depuis une vingtaine d’années que s’est développée une forte activité de recherche scientifique spécifiquement sur les chats couvrant de nombreuses disciplines, de la génétique au comportement en passant par la physiologie et la nutrition.
Nous savons désormais que, si le chat et le chien accompagnent l’homme depuis des milliers d’années, c’est avec un degré de proximité très différent, et des adaptations métaboliques bien moindres chez le chat (cliquer pour voir sur notre blog « le chat, animal préhistorique ? ») là où le chien doit absorber son bol alimentaire en 1 à 2 repas par jour, il est recommandé que le chat puisse le faire en au moins 10 repas.
Conclusion : quelles quantités de nourriture pour le chat ?
Le comportement alimentaire de nos animaux de compagnie reste très proche de celui de leur ancêtre sauvage. Le chat sauvage mangeait entre 10 et 20 fois par jour, le chat domestique doit répartir sa prise alimentaire quotidienne en de nombreux « petits repas », de l’ordre de 10 par 24 heures.
Les quantités de nourriture correspondent donc au besoin énergétique journalier du chat répartis en une dizaine de repas. Pour mieux comprendre le besoin énergétique du chat en fonction de son poids idéal, n'hésitez pas à lire "Poids idéal et alimentation du chat adulte".
Bibliographies :
- Dr Lefebvre, Nutrition vétérinaire du chien et du chat, 2020
- Bases du comportement alimentaire des chiens et des chats, D.Elliott & P.Maniquet, 2012, table 1
- Laflamme 2013 Discrepency between use of lean body mass or nitrogen balance to determine protein requirements for adult cats
- Body composition and amino acid concentrations of select birds and mammals consumed by cats in northern and central California Kremen, Camvert, Larsen Journal of animal science 2013
- FACCO Rapport annuel 2022, étude Kantar- Facco 2020
© Yomy, juin 22