Vers une alimentation plus naturelle pour le chat

Nous sommes de plus en plus nombreux à adopter des régimes alimentaires particuliers et plus naturels, soit par conviction, soit par nécessité physique, soit les deux.

Se pose alors la question de pouvoir décliner sa propre alimentation à son animal de compagnie ...ou pas. 

En ce qui concerne le chat, aucune ambiguïté : le chat est aussi strictement carnivore que le lapin strictement herbivore. En effet, au sein des mammifères carnivores, les félins sont tous strictement carnivores.

Le régime alimentaire du chat est celui d'un carnivore

Au sein de la famille des félidés ("felidae"), la génétique moderne¹ sépare :

• Les grands félins («pantherinae »), où on trouve notamment les lions, tigres, panthères etc
• Les petits félins (« felinae »), où on trouve 11 genres de chats sauvages comme les lynx, pumas, guépards, et les « felis ». 

Le chat domestique (« felis silvestris catus ») est une sous espèce des felis, de même que le chat forestier européen ("felis silvestris silvestris").

Parmi les félins, il y a des règles universelles et des exceptions : 

• Tous les félins sont des carnivores stricts. 
• Les lions sont les seuls félins sociables, c’est à dire vivant en groupe (les félins sont solitaires, hors nécessité vitale).
• Les guépards sont les seuls félins dont les griffes ne peuvent pas se rétracter.
• Les chats sont les seuls félins domestiques.

Les chats sont des chasseurs

Les félins sont des prédateurs qui s’alimentent exclusivement de la viande de leurs proies. Ils sont particulièrement bien équipés pour la chasse :

• Ils sont musclés, souples, avec les pattes arrière développées pour courir vite et sauter haut et loin. 
• Ils voient large (plus de 250° contre 180° pour l’homme), vite (les objets en mouvement) et sont favorisés dans l’obscurité (ils ont besoin de 6 fois moins de lumière que les hommes).
• Ils entendent une très large plage de fréquences sonores (y compris les ultrasons), et leurs oreilles très mobiles leur permettent de « cartographier »  leur environnement avec précision (elles tournent à 180°). 

Le chat a une mâchoire de carnivore

• La machoire du chat est courte et particulièrement musclée,
• Son articulation permet des mouvements verticaux puissants (pour mordre et tenir la proie) mais ne permet pas de mouvements horizontaux (nécessaires pour broyer les végétaux).
• D'autre part, les canines du chat sont proportionnellement plus longues que celles d'autres carnivores comme les loups ; dans la nature leur morsure de part et d’autre du cou est mortelle.

Le poids idéal d’un chat adulte domestique européen moyen se situe entre 3,5 et 4 kg pour une femelle adulte, et entre 4 et 4,5kg pour un mâle adulte. Le poids idéal est celui où le ventre n’est creusé ni bombé (voir ci-dessous).

Système digestif du chat adulte

Les végétaux sont plus longs et difficiles à digérer que les aliments d’origine animale. Les ruminants ont d'ailleurs 2 estomacs pour pouvoir traiter leur alimentation herbeuse. 

Au fil des millénaires, la longueur de l’intestin du chat domestique a légèrement augmenté par rapport à celui de son ancêtre sauvage, ce qui le rend capable de digérer de faibles quantités de glucides. Cette particularité anatomique est d’ailleurs pour les biologistes une des manières de différencier le chat domestique du chat sauvage. 

Le système digestif du chat domestique reste pourtant proportionnellement beaucoup plus court que pour tous les mammifères vivant en notre compagnie.

Le régime alimentaire du chat répond à ses besoins métaboliques

Le chat a de gros besoins en protéines animales, et pour le chat comme pour l’homme, un déficit en protéines entraîne la perte de masse musculaire. La quantité journalière minimum de protéines pure qu’un chat doit absorber par son alimentation s’élève à 5,2g par kg de masse corporelle (3). Un chat de 4 kg aura donc besoin de l’équivalent de 100 g de viande hachée par jour (20% de protéine pure dans la viande hachée). 

En comparaison, les Apports Nutritionnels Conseillés pour l’adulte en bonne santé sont de 0,83 g par kg de masse corporelle. La différence étant que l’homme peut trouver ses protéines dans le monde végétal (les légumineuses contiennent le même taux de protéines que la viande ou le poisson), alors que le chat a besoin des acides aminés qui se trouvent exclusivement dans la viande animale et qu’il ne peut synthétiser à partir d’autres nutriments. Il s’agit notamment de la taurine, l’arginine, la méthionine et la cystéine. 

Régime alimentaire et comportement du chat

Certains chercheurs envisagent même que c’est ce régime alimentaire de carnivore strict qui est à l’origine du fait que les chats n’ont pas été vraiment domestiqués au cours de l’histoire (voir "Le chat, apprivoisement de cet animal préhistorique") :  

Les chats alimentés à partir du régime alimentaire des humains, lui-même assez végétal voire à base de glucides, a dû continuer à chasser pour subvenir à ses besoins vitaux en acides aminés d’origine animale. Ce n’est que récemment que l’on a compris ces besoins et qu’il a été possible d’inclure ces nutriments indispensables dans la nourriture industrielle.  

Impacts du chat sur la faune sauvage 

Malgré la domestication, la plupart des chats ont conservé leurs réflexes de chasseurs. Nombre d’entre eux continuent à chasser même s’ils sont nourris à leur faim.

Cette qualité est particulièrement appréciée quand il s’agit de chasser les souris... Malheureusement, les chats sont aussi soupçonnés de s’attaquer aux oiseaux du jardin. Certaines études considèrent que 12 à 25% de la mortalité de certains oiseaux de jardin (en particulier les moineaux qui s’alimentent au sol) peut être attribuée aux chats en liberté.

Alors, comment protéger les oiseaux de son jardin ? 

En 2021 une étude en Angleterre a démontré que jouer avec son chat et lui donner une nourriture riche en protéines animales avait un impact positif.

En conclusion, le régime alimentaire du chat est celui d'un carnivore strict

Bibliographie :

1. ITIS Integrated Taxonomic Information System
2. Cat Classification Task Force of the IUCN, Cat Specialist Group, Revised Taxonomy of the Felidae, 2017.
3. Laflamme 2013 Discrepency between use of lean body mass or nitrogen balance to determine protein requirements for adult cats
4. Bradshaw & al, Feral cats : their role in the population dynamics of felis catus, 1999
5. M.Cecchetti & al : Drivers and facilitators of hunting behavior in domestic cats and options for management, 2020 

© Yomy, juin 22