Surpoids et obésité chez le chat

De nos jours, le manque d’activité touche de plus en plus de chats, et en France 87% d’entre eux¹ sont stérilisés : deux facteurs favorisant le surpoids ... si l’alimentation n’est pas adaptée.

Le surpoids est une pathologie fréquente chez le chat

- Le surpoids correspond à un poids observé supérieur d’au moins 10% au poids idéal (la masse grasse est normalement de 20%, 10% de surpoids amènent à 27% de masse grasse). La fréquence du surpoids chez les chats (et les humains !) varie selon les continents, les pays, les régions, et le temps; différentes études ont été menées selon la même méthode pour le mesurer. En France, la dernière version de cette étude² estime la fréquence du surpoids à 42%. Le surpoids chez les chats est un phénomène relativement récent, puisqu’on estime qu’il ne touchait que 10% des chats français en 1973.

- L’obésité est un surpoids important menant à un état pathologique. Elle correspond à un poids observé dépassant d’au moins 20% le poids idéal (ce qui correspond à environ 33% de masse grasse corporelle). L'obésité touche de l’ordre de 10% des chats en France³ . Il semble que la croissance de cette affection grave se stabilise depuis peu², peut-être grâce à une meilleure prise de conscience de l’ensemble des acteurs (industriels, vétérinaires, et propriétaires de chats).

Quels sont les facteurs qui favorisent le surpoids ?

Le surpoids résulte d’un excès d’apport calorique issu de l’alimentation, par rapport aux besoins énergétiques nécessaires au fonctionnement de l’organisme. Il se traduit par une accumulation excessive de tissu adipeux.

L’alimentation est donc toujours au centre de l’apparition du surpoids. Certains facteurs de risques ont été mis en évidence, qui influent le besoin énergétique ou l’appétit :

- le manque d’exercice physique (lié pour les chats à l’accès à
l’extérieur mais aussi aux interactions sociales)

- la stérilisation (qui augmente l’appétit et fait ralentir le métabolisme)

- l’âge (qui au-delà de 7 ans fait diminuer la masse musculaire et les activités physiques)

- le statut émotionnel (solitude, stress, ennui),

- … et enfin notre propre référentiel. En effet, une corrélation a été démontrée⁴ entre le fait de sous-estimer l’état corporel de son chat et son surpoids éventuel.

Le saviez vous ?

Le besoin énergétique d’un chat dépend de sa « masse maigre », qui est fonction de son poids idéal et non de son poids du jour.

Un chat de 4,4 kg en surpoids (donc avec 3,2 kg de masse maigre*) a un besoin en kcal inférieur à celui d’un chat de 4,2 kg mince et musclé (donc avec 3,4 kg de masse maigre**) .

* 4,4 kg en poids du jour avec surpoids (donc avec au moins 10% de poids en trop) = maxi 4kg de poids idéal, donc (moins 20%) 3,2 kg de masse maigre.

** 4,2 kg de poids idéal moins 20% de masse grasse = 3,4 kg de masse maigre.

Calculer les besoins énergétiques du chat en surpoids
sur son poids du jour plutôt que son poids idéal conduit à le faire grossir.

C’est à l’œil et au toucher que l’on se rend le mieux compte de l’état corporel de son chat (ou de son chien) : sa silhouette (vue du dessus et de profil), et l’accessibilité de ses côtes (au toucher).

- le chat de poids normal aura la taille (au-dessus du bassin) légèrement marquée, sans qu’on puisse voir à l’œil nu le relief de ses côtes (de profil) ou celui de sa colonne vertébrale (par le haut).

- Si ses côtes ou sa colonne vertébrale sont visibles, le chat est maigre (cet état est généralement correctement identifié par tous).

- Les côtes en revanche doivent toujours pouvoir se sentir au toucher.

Si sa taille est invisible, ses côtes sont à peine palpables, et son ventre commence à « peser » en vue de profil, votre chat est en surpoids.

L’obésité du chat favorise des maladies graves

Les chats obèses sont exposés au diabète, aux maladies urinaires, respiratoires, cardiaques, et aux troubles musculo- squelettiques.

Une étude américaine⁵ menée sur près de 5 ans a mesuré l’état de santé de de 1 500 chats, et observé l’apparition des maladies en fonction de la condition corporelle. D’après cette étude :

- les chats maigres et très maigres sont 1,7 fois plus exposés aux diarrhées nécessitant un suivi vétérinaire.

- les chats en surpoids sont 2,9 fois plus exposés aux boiteries (celles qui ne sont pas reliées à des morsures ou accidents)

- les chats obèses sont 2,3 plus exposés aux affections dermatologiques sans cause allergiques, 3,9 fois plus exposés au diabète sucré, 4,9 fois plus exposés aux boiteries nécessitant un soin vétérinaire.

1 Obésité et troubles métaboliques :

- Le diabète sucré (ou diabète insulino-résistant, comparable à un diabète de type 2 chez l’homme) est une des plus connues des pathologies découlant de l’obésité.

Le surpoids entraîne une perte de sensibilité à l’insuline, hormone qui régule la glycémie en faisant passer le glucose du sang vers les cellules. S’en suit alors une hyperglycémie constante qui endommage le pancréas, organe sécrétant l’insuline.

- Si le diabète n’est pas pris en charge rapidement, la
dégradation du pancréas peut conduire à issue fatale.

- Si le chat retrouve un poids normal avant que le pancréas
n’ait subi des lésions, le diabète est réversible
, et le chat peut continuer à vivre sans traitement.

- La lipidose hépatique est une maladie grave du foie pouvant se déclarer chez les chats obèses. Elle se détecte quand le chat s’arrête de manger soudainement et totalement (pendant 48 heures). Le foie se surcharge alors de graisses (triglycérides) et ne peut plus fonctionner correctement.

Si l’anorexie confirmée n’est pas identifiée et que la lipidose hépatique s’enclenche, elle entraîne un dysfonctionnement métabolique important qui conduit malheureusement à la mort dans un cas sur deux.

Le perte d’appétit soudain chez le chat doit conduire à consulter sans tarder.

Le saviez vous ?

Le contrôle du poids du chat est primordial à la fois pour éviter l’apparition du diabète, mais aussi pour le traiter une fois qu’il apparait et avant qu’il soit installé.

4 Obésité et pathologies urinaires :

Les chats souffrant d’obésité sont plus fréquemment atteints de maladies urinaires (regroupées sous le nom de Maladies du Bas Appareil Urinaire), qui comprennent les infections bactériennes du tractus urinaire, les calculs urétraux, les cystites… En effet, l’excès pondéral limite les mouvements du chat qui ne peut plus correctement faire sa toilette.

S’il est atteint d’arthrose, les douleurs articulaires font qu’il va moins souvent faire ses besoins, ce qui conduit au développement de cystites et de calculs (voir « maladies diagnostiquées chez le chat »).

Comment protéger mon chat de l’obésité ?

L’obésité est une maladie chronique, à la fois facteur favorisant et aggravant de nombreuses pathologies graves du chat, qui entraîne une réduction de l’espérance de vie et de la qualité de vie.

De plus, l’embonpoint installé chez le chat ne doit jamais se traiter par une « mise au régime » sans contrôle médical (risque de lipidose hépatique, voir plus haut).

Prévenir l’embonpoint de votre animal est donc primordial pour sa santé (la période post-stérilisation en est un moment clé) :

- d’abord par l’exercice et le jeu

- mais aussi grâce au contrôle de son alimentation.

Conclusion

Pour protéger la santé de son chat, il convient de s’assurer de la qualité de ses aliments, et de vérifier l’adéquation entre ses besoins énergétiques réels et la quantité totale des calories qu’il ingère.